NGUYÊN DINH THI

NGUYÊN DINH THI



Nguyễn Đình Thi est né le 20 décembre 1924, à Luang Prabang, au Laos, où son père est fonctionnaire à la poste d’Indochine. Il revient au Vietnam en 1931, pour étudier. Il rejoint le Vietminh et combat contre l’occupant japonais, puis français.

Après la Révolution d'août (1945), Nguyễn Đình Thi devient secrétaire général de l’association nationale de la culture. Nguyễn Đình Thi est surtout connu comme poète, nouvelliste et critique littéraire. Il a reçu les plus grandes récompenses de l’État. Il a été Officier de régiment pendant la résistance contre la France puis secrétaire général de l’Union des écrivains vietnamiens, de 1958 à 1989.

Il est l’auteur d’une poésie lyrique et populaire, de chansons très engagées, Détruire les fascistes, de pièces de théâtre dont, La forêt jaune de bambous, et de romans. À partir de 1995, il est président de l’Union vietnamienne de la littérature et de l’art. En 1996, Nguyễn Đình Thi reçoit le prix Ho Chi Minh de littérature. Il meurt le 18 avril 2003 à Hanoï.

Avant cela, il y eut aussi, bien sûr, la grande histoire d’amour de Nguyễn Đình Thi et de Madeleine Riffaud : c’est un coup de foudre et l’histoire d’un amour impossible, qui pourtant dure cinquante ans. Un amour infini, broyé dans les tumultes politiques de la deuxième partie du vingtième siècle. C’est l’histoire de deux amants poètes sacrifiés, sans cesse se cherchant et sans cesse arrachés l’un à l’autre par le courant de l’Histoire.

Madeleine Riffaud a vécu cette histoire d’amour avec le poète Vietnamien jusqu’à la mort de celui-ci le 18 avril 2004, à 78 ans. Nguyễn Đình Thi et Madeleine Riffaud se rencontrent pour la première fois en 1951 à Berlin. Thi participe au Festival de la jeunesse et des sports. Nous sommes en pleine guerre froide et la France, en pleine guerre d’Indochine. Cette rencontre a pour but de renforcer la paix et lutte contre le début de la guerre froide. Thi a lu les poèmes de Madeleine publiés par Paul Eluard. Il admire Madeleine. Il la croit morte, assassinée durant l’Occupation par la Gestapo. Mais elle est à Berlin, soudainement devant lui. Le poète turc Nazim Hikmet assiste, amusé et complice, à leur idylle naissante et fulgurante. C’est coup de foudre intégral, physique, charnel, intellectuel et poétique.

Mais, tous les deux sont timides et Madeleine n’est pas encore guérie des blessures et des tortures subit durant la guerre. Ils n’osent pas manifester leur amour. Elle le revoit à Moscou pour le congrès des écrivains du mouvement pour la paix. Là, protégés par Jorge Amado ils peuvent vivre leur passion. Puis, ils se retrouvent à Hanoi… pour vivre quelques semaines d’amour. Hô Chi Minh les marie à Hanoi. Mais dans la psychose de la guerre froide, l’influence chinoise, Hô Chi Min leur ordonne de se séparer. Madeleine rentre à Paris et se plonge dans le drame algérien…

En 1954, c’est le temps des retrouvailles, lors de la conférence de Paris, pour la fin de la guerre d’Indochine. Ils sont surveillés et doivent se cacher. Pour les Vietnamiens, on ne revient pas sur un sacrifice. Ils ne vivront plus jamais ensemble. Seulement se voir en public, mais sans plus. En 1965 ils se revoient en cachette à Hanoi sur le toit d’une maison, profitant du fait que la ville est bombardée et que personne ne les surveille. Les poèmes d’amour de Thi dédiés à Madeleine sont célèbres au Vietnam et leur histoire est rentrée dans la légende.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Yusef KOMUNYAKAA & les poètes vietnamiens de la Guerre du Vietnam n° 56